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NAMUR – LONDON (2), tribulations et autres histoires

Le 13 mars 2020, à minuit pile, je tournais la clé dans la serrure de mon petit bar adoré, l’enfermais pour des mois. Jamais je n’aurais cru vivre une fermeture plus symbolique que celle-là. Toute l’équipe était dehors, sur le trottoir, la serre désespérément éteinte à minuit sonnant, un vendredi soir. Les amis, les proches, les inconnus applaudissaient dans un élan de solidarité, comme si le rideau de velours venait de tomber sur la dernière scène, et ces grosses larmes dégringolaient sur mon visage. Mon masque se transformait bêtement en mouchoir statique.

Il y a des choses qui nous émeuvent au plus profond, qui nous touchent de manière différente. Fermer ce bar dans lequel nous avons tout investi m’a transpercé le cœur de manière unique.

Le 18 octobre 2020, cela fait quelques jours que j’ai du mal à respirer faute de ne pouvoir rien prévoir. Ni les horaires, ni les stocks, ni les cartes. On avance minute après minute avec des rumeurs de fermeture qui rendent ma peau moite d’incertitude. Même la météo a plus de netteté sur le temps qu’il fera demain. Puis la décision tombe, je l’entends partout, sur toutes les bouches, elle émane des haut-parleurs des téléphones des clients, elle est à toutes les tables. À nouveau, le rideau de velours s’écrase sur la scène, la clé se tourne pour clore un nouvel épisode. Cette fois-ci, je fais face, mon visage reste sec, au fond de moi, je le savais.

Lorsque le soleil brillait au zénith, lorsque l’insouciance de l’été nous berçait encore, nous avons décidé de partir à Londres coûte que coûte. Mais des questions subsistaient. Rémy et Paul pourraient-ils ouvrir leur nouveau bar en pleine crise (voir article précédent) ? Comment se passait le confinement Outre-Manche ? Quand et comment allions-nous pouvoir les rejoindre alors que nous ne savions pas de quoi demain serait fait ?

Mi-octobre 2020, nous sommes chez Math et Lou. La musique et leur présence font baisser mon stress. Notre bulle, ce sont nos amis, la même bulle qu’au printemps. Les parents de Valentin sont à risque, les miens sont loin, les amis, c’est la famille.

À nouveau, c’est cet enfer de téléphone mobile qui interfère, un bip sonore qui m’annonce que l’horeca ne pourra pas rouvrir avant février 2021.

Je retiens mes larmes. Il faut agir tant qu’on peut. C’est décidé, dès le lendemain, on plie bagages, avec Ginger et Stella sous le bras : on part.

À suivre…

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