NAMUR – LONDON (3), tribulations et autres histoires
Fin novembre 2020, nous avons quitté notre spacieuse demeure salzinnoise pour un modeste appartement londonien de 35m². Une légère différence de 115m², mais toujours à quatre, car partir sans Stella (notre chien) et Ginger (mon chat) n’était pas envisageable. Au début, j’ai eu l’impression de réemménager dans mon vieux studio étudiant sur la place du Vieux; retrouvant ce mode de vie où rien n’est laissé au hasard et l’espace est optimisé. Mais très vite, nos amis sur place expriment leur étonnement quant à notre privilège d’habiter seuls, avec en prime une baignoire et une chambre séparée.
J’ai alors décidé que les 35m² ici valent largement les 150m² de chez nous, et que la mesure de l’espace, c’est uniquement dans la tête.
Après la quarantaine, laissons place à la liberté !
C’est un peu comme si les beaux jours étaient revenus. Nous passons nos soirées à rire, à manger et à boire au pub, dont les cartes sont parfaitement adaptées aux végétariens (hell yeah). Je prends même rendez-vous chez le coiffeur (oui, c’est important vu que nous étions en pleine pandémie chez nous). Nous passons des heures à tester des cocktails, à discuter saveurs, arômes, à débattre sur les couleurs et les équilibres jusqu’aux petites heures. L’énergie de la ville entière est grisante, vibrante. Je me pare de mes plus belles fripes, je porte des carreaux et des lignes, bref je m’exprime en textile. Valentin, lui, ne tient pas en place, touchant à son rêve ultime. – Londres, nous t’aimons déjà tellement !
Décembre, fin de la trêve et des réjouissances.
L’horeca londonien doit, lui aussi, refermer ses portes. Tout d’un coup, Valentin et moi sommes propulsés dans le passé, malgré nous, à nouveau enveloppés par ce brouillard d’incertitudes que nous avons appris à côtoyer des mois durant.
Mais Londres a un effet particulier, et l’expression “Every cloud has its silver lining” démontre encore l’optimisme qui la caractérise. En Angleterre, on attend que la tempête passe certes, mais on n’attend pas le beau temps pour autant, on profite de ce que l’on a. Alors, nous flânons nous aussi dans les parcs, commandons aux comptoirs improvisés devant les pubs, prenons des plats à emporter à la fenêtre des restos et acceptons la vie comme elle vient. Londres nous inspire, c’est certain, tout comme la présence de Rémy, Paul et Maria (voir l’article précédent).
Mais alors, que faisons-nous exactement ?
Forts de l’expérience de Botanical by Alfonse, du service évènementiel Alfonse Caravan-bar et de plusieurs années de gestion, nous apportons tous les deux notre modeste contribution à nos amis. Tous ces petits détails auxquels on ne pense pas toujours lors de l’ouverture d’une entreprise, ces apprentissages qui se font année après année sont tout autant d’apports bénéfiques au groupe. Et, bien entendu, il y a l’essentiel : la création des cocktails. Le concept, que je développerai plus longuement dans un article dédié, se base sur le fonctionnalisme. L’idée est d’élaborer des boissons à partir des 20 bouteilles présentes dans le bar et «20 bouteilles seulement», choisies par une dégustation à l’aveugle.
Créer un langage universel via l’esthétique est quelque chose en quoi Rémy et Paul croient fermement, mais développer un langage universel via le goût est encore un autre chemin de réflexion peu emprunté jusqu’alors par nos prédécesseurs. À la carte, il y aura 9 cocktails qui seront en constante évolution. La carte des 9 boissons reflètera l’espace lui-même et sera développée par l’équipe entière sans distinction.
Rotovap, extraction, distillat. Chaque ingrédient, chaque mesure sont savamment examinés, testés, améliorés. Le processus de création dans lequel nous nous trouvons a tout en commun avec la recherche scientifique. Valentin absorbe, travaillant en parallèle sur les futures cartes de notre petit bar à cocktails namurois.
Apprendre, s’éduquer tout en gérant notre propre entreprise, c’est ce que nous faisons à Londres. Une recherche créative en faveur d’un développement constant qui, j’espère, nous accompagnera tout au long de notre vie.
Ps : Ce texte a été écrit avant le 4/01/2021 et l’annonce d’un nouveau confinement.